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Dans ce catalogue se trouve un ensemble d’oeuvres où se superposent plusieurs séries, tant peintes, installées que sculptées…

Je joue avec le vide, avec ce que dit le vide, la vacuité de l’espace où se loge le charme des miroirs du monde. Suivre un fil mince, où mon attention se porte sur une densité fragile où la figure « instantifie » un pas dans le sacré.

« Sacré » entendu comme un couronnement de vie, diadème de conjugaison, extension du souffle…

Dans le jeu réfléchi de matières nomades, s’offrent des propositions simultanées de figures de terre ou de béton, d’empreintes sur toiles, en étendu blanche ou noire, appuyées de fusain, goudron, huile ou eau.

Je travaille mon oeuvre comme je respire ma vie; c’est un accord, un don et une réception, une grâce d’état où l’acte conjugue une immensité qui demeure.

Mes figures, comme des épiphanies du grand édifice, viennent se superposer en un regard de « résonance » qui laisse à voir une incantation dans le corps collectif de l’arche céleste.

Cet état engendre en moi un espace de conjugaison où le verbe est synonyme de temps, où des Princesses, Mages, Vierges Noires, Samouraïs entendent le vol du gerfaut du silence étoilé, où la vie s’entend dans de vifs dialogues caressés de vacuité confondue, de musique cosmique et du chant des sphères entre visible et invisible, encore et sans cesse…

« Chacun va à sa propre demeure; chacun se comporte selon son nom. » Djalâl-od-Dîn Rûmî

Unité d’Un, visible.

J.M.S. avril 2012

Ontologie (version pdf 2,6 mo)  Edition Le Kalam de Soie Avril 2012

 


 

"À vous donnés,

Cette méditation de ciment,

Cette médication de l'être, fondue de cire, de bronze ou de fonte noire,

Ces traces de fusain, ces traces de fusion,

Ce labour caillouteux aux pigments ocres et rouges, 

Ce labeur en prières, mains jointes de pétrir, façonner, ébarber, sculpter,

Cette force du voir qui dirige la ligne, la masse, la matière,

Ces altières sédimentations renfermant sous leur gangue, les cris désemparés de l'âme."

Bernard Tirtiaux Septembre 2002 Prêtresses Ed du Toner, Liège, Belgique



Jean Michel Solvès ou Les sentinelles du silence.

"Dans l'atelier, tout un peuple d'ombres veille.

Et la même obsession des hautes stèles verticales infiniment étirées, jaillies du silence originel, nous accompagne.

Ce premier choc crée l'enceinte sacrée du lieu où le temps a cessé d'être.

Il y avait un Solvès préoccupé d'ardoise, d'acier, de bois, de résine sur toiles, de pigments. Et maintenant, il y a quête d'absolu dans ces formes hiératiques, énigmatiques, droit levées, nées d'une exigence qui trouve dans ce dénuement irréductible à tout autre le meilleur moyen de se manifester.

Rencontrons-nous ici un peuple de légendes, un peuple de mémoire? Ou s'agit-il de vivre avec la mort. Peut-être essayer de conjurer les ombres, de les faire parler?

Mais déjà leur silence hurle. Une longue vibration.

Car tous ces monuments de silence, d'étrangeté surgissent comme des mégalithes, des opérateurs magiques de célébrations, de prières.

Il y a une sévérité, un choix de forme minimale, un refus de bavardage.

Ces silhouettes paraissent venir de très loin, comme mises à jour par des archéologues pour annoncer l'avènement de l'homme, cet homme debout, vertical, ce premier signe de l'homme qui transcende les apparences.

On voit dans l'inflexible attitude de ces figures, la frontalité des formes d'Égypte, de l'art funéraire conçu comme un double de la vie, la plus haute incarnation.

Une solitude majestueuse et une fragilité des profils minces.

Quand tout, autour de nous, conspire à détruire la personne, ici, quelques grumeaux gris de matière, arrachés au vide, suffisent à dresser la totalité de la présence humaine (et même les figurines de bronze répètent les grandes ombres).

Dans ce travail de la matière, de cette poussière devenue forme, on pourrait reprendre Bachelard: Nous voulons consacrer nos efforts à déterminer la beauté interne des matières, leur masse d'attraits cachés, tout cet espace affectif concentré à l'intérerieur des choses.

La matière est aussi une expérience onirique. Et Hello peut écrire: La sculpture, c'est la matière à son maximum de densité.

Par alchimie, l'homme sort de la matière. Il y a transmutation: la verticalité comme naissance du sacré. Ce n'est pas encore l'homme en marche, l'homme de l'histoire, l'homme déchiqueté de Giacometti. C'est l'homme à l'aube du monde. Le cosmos émerge du chaos. Ces élongations de brume d'un homme inachevé entrent dans nos vies, bousculent nos conforts.

Des visages nus, plats, limés. Ces hommes au visage vide, clos, nous regardent et, aveugles, ils rendent présent l'invisible.

Les yeux ne sont pas ici,
Il n'y a pas d'yeux ici.

Les yeux que je n'ose pas rencontrer dans les rêves
Au royaume de rêve de la mort
Eux n'apparaissent pas.

TS Eliot, "Les Hommes creux"

Mais si l'on a pu dire qu'un visage est un miracle, faut-il gravir notre nuit afin de reconnaître le dessin d'un visage issu du fil à plomb (Yeats, poème "Les Statues").

Peut-être que l'art existe pour ouvrir des possibilités inconnues de notre être. Pour Plotin nous possédons nous-mêmes la beauté quand nous sommes fidèles à notre être propre.

La beauté n'est pas évasion, mais pouvoir de transformation qui nous invite à un travail personnel. Peut-être que cela dérange et nous préférons ne pas voir.

De même que le lecteur est créateur de sa lecture, de même le contemplateur est maître de sa vision.

Alors si la vision du Beau rejoint notre regard ordinaire, une façon de voir peut naître qui purifie de façon décisive notre manière de vivre.

Et quand nous sommes prêts de quitter ce lieu de l'être, après ce voyage intérieur, nous sommes plus près du monde ouvert par le koan zen: Montre ton visage original, celui que tu avais avant d'être né.

C'est ce monde que notre explorateur nous indique par quelques signes.

Mais il y aura encore d'autres moments, d'autres mutations dans l'avancée de Solvès.

Alexandre Lhotellier Juin 1999


Les figures présentées sont issues d'une longue série de stèles, de gisants et d'un manège incessant où de vastes territoires invisibles ont été parcourus sans répit par des chariots d'acier, en filigrane de cendre, de ruines, de momies, du mythe d'une origine ou d'un temps pétrifié. Tout ce parcours invoque un moment ultime entre l'arrêt des souffles et le début suffoqué du souffre, de l'alchimique mesure terrestre qu'est la vie. Invoquer cette césure, cette accélération muette et pourtant fulgurante est la part de vide dérobé au plein enfoui, un reflet de cet effondrement humain où nous précipitent l'inconséquence et l'oubli.

S.L.V.S. Septembre 1993


 

Jean-Michel Solvès est radicalement peintre, ou plus précisément mélancoliquement peintre, dans son combat entre la matière et l'esprit, acharnement convulsif à vouloir saisir la peinture dans un moment ultime. Acharnement douloureux dans lequel s'origine l'œuvre qui vient se situer au sein d'un hors temps, à la lisière du chaos, en une fragile équilibre entre le créé et l'incréé. Moment de genèse organique des formes où le jaillissement se doit d'être maitrisé, et la matière stabilisée. Des sensations corporelles deviennent de l'art en tant que tel, se basant, au delà d'un réalisme ou d'une figuration précise, sur l'expérience et l'intuition.

C'est dans l'advenir, dans la métamorphose de la figure seule, évidée, pleine, qui n'est à chaque fois ni tout à la fait la même, ni tout à fait une autre, que réside l'émotion de manière plus intense que dans une forme finie, achevée.

Ce tropisme vers un mythe originel justifie la persistance de la figure comme racine commune.

Silhouette suffisamment imprécise pour interdire une reconnaissance et qui atteste qu'après la mise à distance du narratif, de l'historique, chaque être trouve son équivalent dans chaque être.

L'omniprésence de ce corps, qui par une scansion systématique perd tout reliquat d'individualité, libère l'œuvre du thème et l'aspire vers la peinture pure, dans un dépassement du visible.

Ainsi l'urgence devient la peinture, l'impulsion qui accouche l'image. Par une saturation de la toile, la figure se soustrait à la matière, ne subsistant que dans la difficulté de se situer, plane et irrégulière, avec force et justesse dans un espace qu'elle tend à envahir, pour s'y développer de façon autonome.

Par les placages, les empreintes, les superpositions de métal, de bois, de matières plus usées qu'usagées, par l'installation, l'œuvre atteint la monumentalité et devient un évènement où toile et peinture ne font qu'un, où la figure devenue translucide préfère la réminiscence à l'empreinte.

Évènement organique obéissant au cycle apparition-dispararition, croissance-décroissance, rythmé par la matière lumière qui de sculpteur devient révélateur, transperçant la figure sans la détruire, mais la divulguant dans son essentialité, équivalent plastique du mythe de la caverne.

Révélant à la fois une présence et une absence, les stèles d'ardoise viennent entériner la dérobade de la figure. Cette dernière perçue comme un vide dans le champ visuel, se reconstitue plus par le regard que par une vérification tactile, et par là existe dans sa propre négation, comme un manque qui concentre la vision. Le fond est dans la figure autant que la figure est dans le fond; tous deux s'affrontant par une substitution de l'un à l'autre, dans un champ fascinatoire où le corps s'abolit comme ruiné par une présence concurrente, monstrueuse.

De la torsion des corps et du métal, à la frontalité des stèles, émerge le désir de forger une trace.

De laisser persister la capacité de percevoir les êtres comme des subsistances ou des ferments, de les faire exister comme des présences nécessaires et silencieuses. Silence qui prolonge le cri, le déchirement.

Philippe Vergne 1990


 

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L'acte de la sculpture est chez moi lié au sacré, aux marques, symboles...
Le Chamann authentique, pour guérir ou soigner, fait appel à son corps comme vecteur de soin purificateur, sacrificiel, scarification, mutilation ou autre implication...